« Une stratégie de sortie doit être pensée dès la conception d’un projet »

INTERVIEW L’aide au développement devrait toujours être limitée dans le temps afin de laisser les acteurs locaux reprendre la responsabilité d’un projet. Mais la pratique est parfois plus complexe que la théorie. Notre chargé de programme Mikaël Amsing nous détaille les étapes et les défis de l’autonomisation d’un projet.

En quoi consiste une stratégie de sortie ?
Une stratégie de sortie est la façon dont on va progressivement diminuer l’appui d’un projet, tout en travaillant pour que le partenaire local puisse prendre en charge la suite. Une bonne question à se poser lorsqu’on développe un projet est de se demander si telle activité planifiée peut devenir autonome rapidement, à quelles conditions et grâce à qui ? Est-ce qu’en intervenant, le projet se substitue à des responsabilités locales ? Ce genre de questions influencera ce que l’on démarrera ou non. Une stratégie de sortie devrait toujours être pensée au moment de la conception d’un projet ; c’est rarement le cas car il peut être difficile de projeter la fin d’un appui avant de le démarrer.

Quels moyens sont utilisés ?
L’autonomie a plusieurs facettes, technique ou financière par exemple. Il nous faut un dialogue clair avec le partenaire local et identifier les zones de sortie et les moyens de mise en œuvre conjointement. Lorsque nous avons un volontaire expatrié engagé dans un projet, cela peut prendre la forme de responsabilités déléguées au cours du temps. D’un point de vue technique, cela consiste aussi à transférer des savoir-faire et des responsabilité

 

Si l’autonomie technique est atteignable dans une phase de projet, c’est souvent plus difficile au niveau financier.

 

Mikaël Amsing, chargé de programmes du SME

 


Ça c’est sur le papier. Dans la pratique, quels sont les défis ?
Le défi est présent particulièrement lorsqu’on propose des prestations ou services à des personnes très vulnérables. Au SME, nous travaillons plutôt sur du long terme. Certains défis sont bien présents, notamment lorsqu’on favorise l’accès à des formations pour des jeunes issus de minorités ethniques et de familles pauvres des zones rurales. Ces jeunes ne pourraient pas payer les coûts réels de la formation qu’ils suivent donc le centre de formation continue d’avoir besoin d’appui externe. Mais cela n’empêche pas d’initier des activités permettant de renforcer les ressources locales et de toujours demander une participation des jeunes aux coûts de la formation. Si l’autonomie technique est atteignable dans une phase de projet, c’est souvent plus difficile au niveau financier.

Peux-tu nous donner un exemple de stratégie de sortie réussie ?
Le projet de Sékong, au Laos. Avec le départ anticipé de nos envoyés Monika et Arnold Probst en septembre 2022, c’est vraiment une bonne chose qu’ils aient travaillé à une telle stratégie. Les responsabilités ont été clairement réparties et aujourd’hui le projet tourne sans eux, parce que l’équipe sur place est compétente et engagée, et parce que le projet appuie le Département de la Santé, qui est un partenaire de longue date, dont les responsabilités sont connues et se renforcent au cours du temps.

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