Lettres du Liban : nouvelles de Tahaddi et de notre envoyée

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Beyrouth, le 16 décembre 2024

Chers amis,

Ces dernières semaines, les événements au Moyen-Orient n’ont cessé d’occuper vos écrans avec des épisodes tragiques ou parfois bienvenus. Depuis le cessez-le-feu, l’équipe éducative de Tahaddi enseigne en hybride et tous les centres sont maintenant ouverts. Les retrouvailles émouvantes de l’équipe éducative, dans la semaine qui a suivi l’arrêt de la guerre, ont été vécues dans les larmes mais avec un sentiment que la vie pouvait enfin reprendre ses droits. La première journée au centre, sans les enfants, a permis à l’équipe de verbaliser les peurs vécues (sur des nuages gris jetés dans une corbeille) et partager les tuteurs de résilience qui nous ont aidés à tenir bon dans cette tempête (sur des soleils accrochés à la corbeille).


Une activité de confection de marionnettes organisée par une ONG a permis à tous de se détendre et de rire tout en créant une marionnette-compagnon utile pour soi ou avec les enfants. La semaine passée, de nombreux élèves syriens sont venus avec des pâtisseries pour célébrer l’incroyable nouvelle de la chute du régime. Malgré l’euphorie suscitée par cette information, de nombreuses familles reviennent au Liban car la situation économique en Syrie est désastreuse.

Ce retour progressif à la normalité s’accompagne de nombreux défis : seulement environ 50% des élèves assistent aux cours, que ce soit en présentiel ou en ligne, et beaucoup sont encore déplacés. Nous prévoyons d’accueillir de nouveaux élèves dès janvier 2025. Enfin, enfants et personnel ont tenu à décorer un sapin de Noël et, sur les gravats, autour de la crèche, nous avons peint les drapeaux libanais, palestinien et syrien puisque les trois pays comptent des régions entières réduites à un amas de décombres.

Aicha, arrivée avec sa maman au mois d’octobre, dont le poids était équivalent à 1,6 kilo à deux mois d’existence, pèse maintenant 3 kilos alors qu’elle approche des 4 mois. afin de prendre du poids, elle boit un lait hyper calorique. Elle est encore gardée au centre la journée. C’est une situation difficile pour ce bébé très fragile qui a des parents à problèmes.

La dernière lettre de nouvelles de Tahaddi que vous avez reçue conclut (espérons-le) ce triste chapitre de la guerre et ses destructions insensées. Plusieurs membres de notre équipe ont perdu leur maison à Beyrouth ou dans leur village d’origine et certains d’entre eux n’ont pu encore retourner dans leur logement, les dommages sont trop importants et nécessitent des réparations longues et coûteuses.

Sachez que votre amitié et votre générosité nous ont profondément soutenus dans ces épreuves. Alors que nous terminons cette année éprouvés, encore sous le choc de ce qui vient de se passer, nous restons pourtant plein d’espérance.

En cette fin d’année 2024, nous vous souhaitons un joyeux Noël et des fêtes empreintes de paix et de solidarité.

Avec toute notre reconnaissance,

L’équipe de Tahaddi

Beyrouth, le 30 novembre 2024

Alors qu’un cessez-le-feu de 60 jours vient d’entrer en vigueur au Liban, des milliers de civils ont repris prudemment le chemin de leurs foyers — parfois endommagés, complètement détruits ou, contre toute attente, encore intacts. Des familles, dans des voitures chargées de leurs affaires, regagnent leurs villages malgré les avertissements d’éviter certaines zones dangereuses. Pour beaucoup, l’attachement à leur terre dépasse la peur, et pour certains, l’urgence de sauver ce qui peut encore l’être—comme la récolte des olives  — nourrit leur volonté de retourner chez eux.

A Tahaddi, les défis reflètent ceux du pays. Certaines familles reviennent dans le quartier pour y découvrir leurs pauvres logements pillés: matelas, couvertures, bouteilles de gaz, réchauds à gaz et même les portes en fer ont été volés! Certains membres du personnel de Tahaddi doivent eux aussi surmonter des épreuves personnelles, reprenant leur travail alors qu’ils ne peuvent retourner dans leurs logements gravement endommagés.

La guerre a laissé une empreinte profonde sur le Liban. La route vers la reconstruction sera longue, mais ensemble, nous regardons vers l’avenir, avec espoir et résilience.

 

Lien vers l’intégralité de la lettre de nouvelles de Tahaddi du 30 novembre.

 

Beyrouth, le 26 novembre 2024

Chers amis,

Nous hésitons entre l’espoir d’un cessez le feu ou ne rien espérer du tout pour ne pas être (une fois de plus) déçus…

Rythmé par les frappes et les destructions aveugles, le travail continue, soit au centre soit en dehors du centre : réunions d’équipe dans un café dans un endroit sûr de la ville, ou activités psycho-sociales dans les écoles qui abritent des déplacés.

 

Une cinquantaine d’enfants qui sont toujours dans les environs viennent au centre pour faire de l’informatique, prendre leurs devoirs imprimés plutôt que de travailler sur un téléphone souvent défectueux et auquel ils n’accèdent que le soir ou alors, la semaine passée, participer avec l’ONG Seenaryo à un parcours créatif, pendant 5 jours, qui s’est terminé par une petite présentation de sketches écrits par les enfants, entre deux frappes sur des quartiers voisins…

 

Les sessions d’apprentissages socio-émotionnels ne sont pas oubliées ni en ligne ni sur place en ces temps difficiles. Les enfants ont fait des dessins sur ce que la guerre représentait pour eux après s’être identifiés avec une vidéo de dessins d’enfants ukrainiens. Lors d’une autre séance, ils ont créé des mandalas pour se concentrer sur le moment présent, développer leur créativité et faire quelque chose de beau dans un monde de plus en plus laid…

 

 

 

De son appartement, notre enseignante avait vue sur un jardin public vert et fleuri

La semaine s’est tristement terminée avec le bombardement d’un quartier très populaire de Beyrouth : 7 immeubles détruits, 29 morts et des dizaines de blessés ont semé la consternation dans tout Beyrouth réveillé à 5 :00 du matin. Six membres de notre équipe vivent à proximité du quartier et ont à nouveau expérimenté un immense effroi tout en essayant de rester maîtres de leurs émotions devant leurs enfants terrorisés. Le week-end et cette semaine à peine commencée ont été violents avec des dizaines de frappes jour et nuit. Une de nos enseignantes nous a envoyé des photos de son appartement endommagé, elle est maintenant déplacée à 25 km de Beyrouth.

 

Un enfant du préscolaire a partagé vendredi passé (22 novembre) ce message vocal touchant avec son enseignante : « Aujourd’hui, ils ont menacé Ain Remmaneh, la région près de l’endroit où ma famille et moi nous sommes déplacés, notre immeuble pourrait être détruit. Nous avons tellement peur. Miss, si je meurs, je ne te verrai plus, et ça me rend tellement triste. Miss, s’il te plaît, on ne peut pas rester dans cette guerre. Je veux partir et emmener tout le monde avec moi, mais je ne sais pas comment je pourrai t’emmener. S’il te plaît, si je meurs, ne sois pas triste… »

 

Le froid et la pluie aujourd’hui ont rendu les frappes encore plus difficiles car les gens doivent évacuer sous la pluie et attendre dans le froid que cela se passe…

 

Merci pour votre amitié et votre soutien 😊

 

Catherine et l’équipe de Tahaddi

Beyrouth, le 13 novembre 2024

« C’est une frappe, Miss, pas le mur du son… » Le septième missile sur la banlieue sud venait de passer au-dessus de nous et le jeune avec qui je travaillais des maths se sentait le devoir de m’informer à chaque fois de la nature des frappes. Avec sa famille, ils sont retournés dans leur quartier proche du centre éducatif et il tente de rattraper trois semaines de cours manqués en ligne. Depuis deux jours, les missiles s’abattent sans relâche sur la banlieue sud, certains touchant des quartiers proches de ceux où se trouvent les centres de Tahaddi.

 

 

Ce qui est peut-être le plus épuisant dans cette période de guerre, c’est l’incapacité de se projeter dans le futur proche, ce qui complique énormément l’organisation du travail de nos plus de 80 collaborateurs à Tahaddi. Nous nous efforçons de rester créatifs pour maintenir chacun raisonnablement occupé, même si trois de nos collègues sont maintenant dans un autre pays avec leur famille, et que beaucoup d’autres sont déplacés ou accueillent des proches eux-mêmes déplacés. Les enseignants travaillent en ligne, préparant des activités pour les enfants, qui les réalisent quand ils le peuvent, malgré les difficultés liées à l’électricité, au coût du Wi-Fi et à la qualité de la connexion. Par exemple, les enfants dont les familles ont fui en Syrie n’ont accès à internet que tous les trois jours, et dans les zones rurales, il n’y a tout simplement pas d’électricité.

Venir au Centre pour faire son travail

 

Une partie de notre équipe est déployée dans des écoles ou des bâtiments accueillant des déplacés, pour y offrir des consultations médicales ou des activités psychosociales pour les adultes et les enfants. Une petite équipe vient régulièrement au centre pour des tâches financières, administratives ou aider les enfants sans téléphone ou ceux qui préfèrent des fiches de travail imprimées à un écran de téléphone. Une trentaine d’enfants du programme J’apprends à la maison et de celui au soutien aux devoirs – même s’il n’y a pas de devoirs puisque l’école publique n’a pas encore commencé en ligne – viennent pour une à deux heures d’apprentissages avec trois enseignantes de ces programmes qui résident dans le quartier. Les équipes de couture et de menuiserie viennent elles aussi quotidiennement.

 

Les élèves en ligne suivent non seulement des activités dans les matières principales mais reçoivent des tâches à accomplir en musique, théâtre et dessin ; des séances de protection en ligne sont aussi organisées, qui sont l’occasion de réfléchir à la situation actuelle, d’exprimer des émotions et partager des vécus difficiles. Les groupes WhatsApp sont fermés et les enfants envoient leur travail ou leurs messages directement à leurs enseignants.

 

Récemment, nous avons rendu visite à deux élèves réfugiés dans un chantier où travaille leur père, en dehors de Beyrouth. Ils sont maintenant huit à vivre dans un container destiné à une seule personne, sans eau, où leur maman cuisine au bois…

Un conteneur pour huit personnes
Deux de nos élèves vivent dans un conteneur avec leur famille
Cuisine de fortune

Aujourd’hui, entre deux frappes, deux enfants ont pu être accompagnés par une collègue et notre chauffeur jusqu’à la clinique d’une de nos orthophonistes, située à quinze minutes du centre, dans une zone bien plus sécurisée. Ils y ont bénéficié d’une séance individuelle. « Tahaddi me manque tellement », m’a dit Palig au téléphone alors que je lui demandais comment s’étaient déroulées les séances. À partir de la semaine prochaine, douze enfants pourront profiter de cette solution temporaire.

Séance d’orthophonie

La petite Aisha, quant à elle, pèse maintenant 2,3 kilos, apportant un peu de joie à l’équipe qui s’occupe d’elle pendant que sa maman collecte des déchets plastiques pour gagner deux dollars par dix kilos. Sa situation est loin d’être facile avec une mère démunie et un père violent. Les journées plus froides qui approchent sont particulièrement redoutables pour les bébés fragiles dans ces conditions précaires.

Aisha

Le message vocal de la petite Amina, ce soir du 13 novembre, dit qu’elle faisait ses devoirs alors qu’une menace de frappe a été envoyée. La famille a dû quitter sa maison et son quartier pour se réfugier sur un trottoir pendant quelques heures…

 

Alors que cette guerre s’éternise, un sentiment de fatigue s’installe. Rester positif face aux destructions aveugles, aux vies d’enfants et de familles brisées devient chaque jour plus difficile. Mais nous tenons bon grâce à votre soutien, vos messages et vos marques d’amitié qui nous font du bien.

 

Catherine et l’équipe Tahaddi

 

 

Beyrouth, le 4 novembre 2024

Chers amis,

“Quand j’ai vu la vidéo montrant des Israéliens activer des explosifs et se réjouir de détruire mon village, quelque chose s’est brisé en moi. La douleur de perdre ma terre m’a déchiré le coeur,” nous confie notre collègue, les larmes aux yeux. Elle et sa famille vivent depuis plus de 5 semaines dans un hôtel.

Vidéos montrant deux villages du sud Liban avant et après leur destruction…

Vidéo 2: « Ma maison à Khiam, des années de souvenirs, des années à jouer du piano. Mon cœur est en morceaux »

 

Entre jeudi et la nuit de jeudi à vendredi, 71 personnes ont perdu la vie lors de violents bombardements qui ont frappé la Bekaa et la banlieue sud, à seulement 500 mètres des centres Tahaddi. Malgré ces circonstances, le centre éducatif a poursuivi ses activités : une quarantaine d’enfants viennent chaque jour pour une heure d’enseignement en mathématiques, anglais ou arabe, parfois pour des jeux et pour des moments d’activités de santé mentale. Sur la photo, les enfants se concentrent sur leur respiration, pour se recentrer, en utilisant leurs doigts comme support.

 

Groupe d’enfants à Tahaddi

La semaine passée, l’équipe de l’atelier a confectionné plus de 400 couvertures, ainsi que des oreillers et des taies d’oreillers en quantité équivalente, tandis que les menuisiers ont fabriqué 13 lits pour des personnes déplacées et malades.

Et aujourd’hui, dimanche, nous avons livré deux lits pour des personnes âgées dont un pour la mère de ce père de famille qui a perdu sa maison dans son village et son appartement dans la banlieue sud. Les enfants attendent avec impatience de pouvoir commencer l’école en ligne assis sur leur matelas en mousse. La cuisine se trouve sur le balcon, et l’unique point d’eau se trouve dans une petite salle de bain sur l’étage de ce qui étaient des bureaux et non des lieux d’accueil pour une quarantaine de personnes qui y vivent jour et nuit.

Chaque jour de la semaine, nous accueillons la petite Aisha et sa maman pour assurer un suivi et offrir à la mère un espace où elle peut changer sa fille, la laver, lui donner ses vitamines et préparer un biberon dans des conditions décentes, adaptées à un bébé si fragile. Nous essayons de leur trouver une chambre avec de l’eau, un minimum pour cette famille qui vit dans un logement insalubre.

 

Alors que la situation perdure et que les espoirs de paix s’éloignent, il devient parfois difficile de répondre aux besoins sociaux et médicaux croissants des familles autour de nous, de relever les défis de l’éducation en ligne et de l’accès limité au Wi-Fi, ainsi que de soutenir les membres de notre équipe qui ont été déplacés.

Aucun répit pour les bombardements qui se sont abattus ce dimanche sur Baalbek, Saïda, et bien d’autres endroits.

Merci pour  votre générosité et votre soutien, votre amitié et vos pensées en ces temps difficiles.

Catherine et l’équipe Tahaddi

Beyrouth, 1er novembre 2024

Chers tous,

Nous vivons toujours dans un monde très violent et surréel. Destructions totales de villes et de villages, massacres de familles entières, des espoirs de paix qui jouent au yoyo… Désespérant.

Voici un résumé des nouvelles que vous avez pu lire ces derniers jours mais bien mises en page ; une récapitulation de ce que nous essayons de faire dans l’actualité misérable de notre région. On préférerait vous dire combien les enfants sont heureux de venir en classe, comment les jeunes ont repris confiance en eux et espèrent en un avenir meilleur…hélas !

Une collègue (ci-contre à Tahaddi) qui s’était rendue dans son village dans la Bekaa, avec sa famille, pour fuir les bombardements de la banlieue sud où elle habite à Beyrouth, avait été surprise par les premiers bombardements sur son village et avait dû passer la nuit dehors dans la forêt. Elle nous avait écrit de son téléphone et partagé ses peurs, le froid et son angoisse d’être tuée ou d’avoir sa maison détruite. Sa maison n’avait pas été touchée et elle est restée dans la Bekaa, avec sa famille, car, par contre, son appartement à Beyrouth a été fortement endommagé et il est inhabitable.

Cette semaine, la plaine de la Bekaa a connu ses pires bombardements. Une nouvelle frappe a eu lieu sur son village qui a tué deux familles amies : 9 personnes dont 4 enfants. Elle est dévastée mais continue à envoyer des activités en ligne aux 7 enfants à besoins spéciaux dont elle est l’enseignante en temps normal.

Merci pour votre soutien continu et votre amitié en ces temps de crise,

Catherine

Beyrouth, nouvelles du 25 octobre 2024

Chaque matin, alors que je me rends au centre, je vois les fumées des frappes de la nuit, épaisses, jaunâtres qui se traînent sur Beyrouth. Et le matin, les vidéos des destructions défilent sur nos téléphones qui ont été précédées par celles des frappes ennemies diffusées tout au long de la nuit…

 

La journée a commencé hier matin pour les assistantes sociales par recevoir quelques unes des 20% des familles encore dans le quartier qui ont beaucoup de besoins et de craintes.

 

Pour les enfants qui peuvent venir au centre, c’est par besoin de se retrouver, de jouer, de se sentir en sécurité, de revivre quelque chose de la vie « d’avant ».

 

Pour les autres, cette semaine de travail en ligne a permis à tous, enseignants et enfants, de se reconnecter à un semblant de routine.

 

Un de nos élèves déplacés sous tente a envoyé une vidéo dans laquelle il fait un exercice de respiration envoyé par son enseignante de science pour apprendre à rester calme même quand il y a des bruits de bombardements.

 

400 couvertures et 400 oreillers prêts à partir pour la vallée de la Bekaa.

 

Aicha, 1,7kg vit dans une « maison » sans porte, avec des rats qui peuvent mordre méchamment le bébé et des parents illettrés. La maman vient chaque jour au centre pour laver, changer, nourrir le bébé, donner les vitamines, stériliser le biberon au moins une fois par jour…Une amie a offert de beaux habits pour nouveaux nés…deux fois trop grands🙈

 

Pendant ce temps, Dr. Dany et l’équipe du centre médical de Tahaddi visitent une école pour évaluer les besoins des déplacés et examiner ceux qui sont malades Dans une telle promiscuité et un état de stress et de fragilité, les gens tombent facilement malades.

 

Au hasard de nos visites aux familles hier matin : une montagne d’ordures haute de 5 mètres a passé le mur et envahi la route. Odeurs nauséabondes et animaux indésirables qui pullulent et sont porteurs de maladies.

 

Rana, la directrice du centre social en visite dans la maison de deux de nos élèves. Le toit est prêt à s’effondrer !

 

Et pour terminer la journée, distribution de repas payés par Tahaddi à 120 personnes du quartier, déplacées dans l’hippodrome de Beyrouth. Les maris y sont palefreniers et le propriétaire a accepté d’ouvrir l’hippodrome pour ses employés et leurs familles. Un box pour les chevaux de course, un pour les familles…

Un box pour les chevaux de course
Un box pour les familles déplacées
Repas chauds

 

Merci pour votre amitié et votre soutien

Catherine pour l’équipe Tahaddi

Beyrouth, le 16 octobre 2024

Ce matin, 16 octobre, à 7h00, une frappe a touché la banlieue sud, toute proche de notre quartier, et nous pensions qu’aucun enfant ne viendrait… Pourtant, les 12 petits étaient présents, accompagnés de leurs mamans. Après un « Hamdullillah assalameh »,  dit chaque fois que quelqu’un survit à un événement difficile et qui signifie « Grâce à Dieu, tu es en sécurité ! », les enfants se sont dirigés vers leur classe.

Les plus grands, quant à eux, ont fait un jeu qu’ils ont pu emporter chez eux pour y jouer avec leurs familles. Ils ont aussi souhaité offrir un chant à leurs éducateurs, que nous avons partagé avec eux par WhatsApp.

 

Les préparatifs pour notre programme en ligne destiné aux enfants du centre, dont rappelons-le, 80% sont déplacés, sont intenses. En raison de la situation, seulement une activité par semaine et par sujet sera envoyée à chaque classe, ce qui fera tout de même entre 5 et 9 activités par classe et par semaine avec notre équipe éducative dont 70% a dû quitter son domicile ou accueillir des membres de leur famille déplacés. Cependant, l’accès à ce programme s’avère compliqué pour les enfants, car ils n’ont souvent qu’un seul téléphone par famille,  font face à des coupures d’électricité importantes et des difficultés d’accès au WIFI.

Cet après-midi, nous avons livré six lits fabriqués par nos jeunes dans l’atelier de menuiserie à des personnes âgées ou gravement malades. C’est déchirant de voir ces personnes vivre dans des conditions si éprouvantes, loin de leur village, de leur maison, déracinées dans des endroits surpeuplés, bruyants et inhospitaliers.

Pourtant, le dévouement des jeunes qui aident sans compter leur temps est touchant. L’une des personnes à qui nous avons offert un lit avait les larmes aux yeux face à leur gentillesse, après qu’ils l’ont soulevée de son matelas posé à même le sol, mise sur une chaise, monté le lit sous ses yeux et déposée sur un vrai lit.

Ce matin, le maire d’une ville du sud du Liban a été tué dans une attaque contre sa ville. Cet homme, très apprécié, s’était personnellement impliqué dans l’aide à ses concitoyens dans ces temps difficiles. (Sur la photo, il préparait des sacs de pain à distribuer).

Merci de continuer à garder le Liban dans vos cœurs. L’incertitude quant à l’avenir est extrêmement difficile pour nous tous.

Catherine

Beyrouth, 14 octobre 2024

Chers amis, chères amies,

Quelques nouvelles du jour pour que vous restiez connectés à nous 😊. Nous avons besoin de votre amitié !

Ce matin, l’anxiété était palpable après les événements survenus la nuit dernière dans le sud. La peur des frappes aveugles sur n’importe quelle région du Liban est désormais une réalité.

Aujourd’hui, malgré tout, l’équipe était présente au centre éducatif, et nous avions invité deux groupes d’enfants, qui sont restés dans le quartier, pour des activités ludiques et éducatives : un groupe de 9 enfants de 5 à 6 ans et un groupe de 8 enfants entre 8 et 10 ans. Un récent sondage, envoyé aux plus de 600 enfants inscrits dans nos programmes éducatifs, a montré que quelque 20% sont encore présents dans le quartier.

Les activités consistaient en des jeux pour se défouler et oublier un peu la réalité difficile de ces derniers jours, ainsi qu’à évaluer leurs ressentis face à la situation actuelle : « Il y a la guerre, on a peur, nos parents ont peur, on a dû quitter la maison et dormir dehors, mais on est rentrés… La maison de mes cousins a été détruite et ils sont venus se réfugier chez nous… Miss, quand est-ce qu’on reprend l’école ? »

Il était presque surréaliste d’apprendre aux enfants comment se protéger en cas de frappe, ou de réfléchir à ce qu’il faut mettre dans un sac de survie, à préparer dès maintenant, s’il vous plaît… alors que, ailleurs, des enfants apprennent l’histoire ou la conjugaison des verbes irréguliers, ou jouent au basket pendant la récréation.

Un Zoom meeting a suivi ces activités avec un donateur à l’étranger et des partenaires sur place, au Liban. Bien sûr, certaines activités planifiées ont été suspendues ou adaptées, mais cette réunion avait pour but principal de soutenir l’équipe. Un membre d’une organisation locale, habitant dans la Bekaa et qui s’occupe de réfugiés syriens déplacés par la guerre au Liban, venait de perdre sa maison et sa voiture. Lui et sa famille se sont réfugiés dans une école, d’où il continue à travailler. Il a partagé son histoire avec des larmes et une grande émotion, expliquant comment ils ont échappé de justesse à la mort.

Pendant ce temps, deux de nos jeunes ont travaillé à la confection de 6 lits supplémentaires pour des personnes âgées ou malades, déplacées dans des écoles, et l’équipe de couture a continué son travail de fabrication de couvertures et d’oreillers

Votre solidarité compte beaucoup pour nous à l’heure où on nous promet des frappes encore plus violentes sur tout le Liban.

Encore et encore des couvertures…

 

Catherine

Beyrouth le 9 octobre 2024

Merci pour votre soutien solidaire depuis plus de 10 jours…

Pas de nouvelles écrites aujourd’hui, mais ma voix pour dire l’absurdité de la guerre, sa violence, les destructions insensées qu’elle engendre dans les corps, les cœurs et les esprits.

Quant à nous, nous vivons dans cette routine de l’absurde et personne ne fait le travail pour lequel il est d’habitude employé. On est dans l’urgence, tout le temps, et on doit s’habituer vite à une réalité qui a bouleversé nos vies.

Il y a le staff de Tahaddi déplacé, il y a les enfants de nos programmes déplacés, le quartier pratiquement désert, étrangement silencieux mais habité par le bruit continuel des drones …

Les photos de couvertures et d’oreillers sont celles envoyées dans un centre qui d’habitude accueille des camps de vacances pour les enfants et appartient à un groupe d’églises. Il a ouvert ses portes à des familles déplacées de plusieurs villages du sud et de Beyrouth. Un bel endroit à la montagne mais déjà frais en soirée et pendant les nuits, et pas chauffé.

On a de plus en plus de commandes pour ces articles, ce qui nous permet de payer 7 mamans et 3 jeunes, tous déplacés du quartier où Tahaddi travaille et qui se trouve à la lisière de la banlieue sud, exposée quotidiennement aux frappes de missiles.

Une photo et la vidéo montrent l’arrivée du matériel pour l’atelier couture et vous écouterez le silence hanté par le bruit continuel des drones.

 

La dernière photo a été envoyée hier par le directeur adjoint de Tahaddi. C’est sa maison d’enfance habitée maintenant par un oncle qui s’était heureusement réfugié chez des proches avant que l’immeuble ne soit complètement détruit. Sur la photo, un mot, en anglais : GONE. Partie…

Hier, j’ai appelé une collègue. L’immeuble où elle habitait avec ses parents a été complètement démoli… C’était la maison où elle avait passé la plupart de sa vie, celle que ses parents avaient achetée après des années de travail…Sana, ses parents et ses frères et sœurs ainsi que plusieurs autres membres de la famille avaient trouvé refuge dans une maison appartenant à un oncle dans un village à 30 minutes de Beyrouth…qui a été frappé aussi il y a quelques jours.

Ce qui m’a impressionné, chez elle c’est sa foi : Al Hamdullillah, elle m’a dit au téléphone, grâce soit rendue à Dieu, ma famille et moi-même sont sains et saufs. Pas une plainte mais l’assurance tranquille que lui donne sa relation avec Dieu.

Je vais un peu espacer les nouvelles et envoyer des photos du jour avec de courts commentaires dans le courriel. Comme je l’ai dit plus haut, on est entré dans une routine de l’absurde. Il y a tous les jours de petits événements qui rendent nos journées tristes ou alors l’éclairent un peu, je vous en raconterai certains.

Bonne fin de journée et toute mon amitié,

Catherine

Beyrouth, le 7 octobre 2024

« Vraiment, tes parents sont toujours à Choueifat (une ville au sud de Beyrouth régulièrement bombardée) ? Oui, ils refusent de partir », nous confie une volontaire qui travaille dans la cuisine de Bedayati. Elle et sa sœur ont été envoyées à Beyrouth chez de la famille pour leur sécurité. L’une des jeunes filles est à l’université et a repris ses cours en ligne, tandis que sa sœur est encore à l’école, qui accueille désormais plus de 300 familles déplacées du sud du Liban.

Aujourd’hui, grâce aux donateurs de Tahaddi, 420 repas ont été distribués et autant de sandwiches par l’intermédiaire de cette organisation partenaire . Parmi l’équipe éducative de Tahaddi, 6 à 8 personnes se portent régulièrement volontaires en attendant de pouvoir reprendre leur travail.

 

Beyrouth est devenue un immense dortoir à ciel ouvert et les familles se trouvent souvent dans des conditions extrêmement précaires, notamment celles qui n’ont pas trouvé de place dans les écoles. L’accès à l’eau est l’un des plus grands défis pour les familles déplacées, y compris celles qui se trouvent dans des abris aménagés.

Ce matin, cinq d’entre nous se sont réunis à Tahaddi pour faire le point sur la situation, prendre des décisions, répondre aux demandes d’aide, passer des commandes de matériel, et contacter les fournisseurs. Nous avons aussi pris des nouvelles des associations qui distribuent en notre nom, traité les e-mails, informé les donateurs, et payé les fournisseurs — certains hésitant à venir dans notre région, ce qui nous oblige à les rencontrer en ville. Tant de tâches à gérer !

L’équipe éducative cherche des moyens de rester en contact avec les enfants, là où ils se trouvent actuellement. Ce matin, nous avons envoyé un sondage aux plus de 600 enfants inscrits dans nos différents programmes : ‘Êtes-vous toujours dans le quartier ? Avez-vous été déplacés dans une école ou êtes-vous dans la rue ? Êtes-vous retournés en Syrie ?

Avec ce sondage, nous avons également envoyé un message vocal : ‘Vous nous manquez. Nous voulons vous soutenir à travers cette épreuve et rester à vos côtés. Prenez soin de vous, nous pensons très fort à vous et vous aimons.' »

Ce soir déjà, les familles des enfants de cette classe ont répondu de la manière suivante :

  • 3 familles sont toujours dans le quartier
  • 4 familles sont réfugiées chez de la famille dans une autre région
  • 1 famille a trouvé un abri dans une école
  • 3 familles n’ont pas trouvé de place dans des écoles et sont dans des abris de fortune ou campent sur le trottoir
  • 1 famille a trouvé refuge dans un autre maison, dans un autre quartier
  • 2 familles ont quitté le Liban vers la Syrie et reviendront dès que possible
  • 2 familles ont quitté le Liban vers la Syrie et ne reviendront pas

Un grand MERCI à tous ceux qui ont déjà donné généreusement pour que des familles aient assez à manger, aient chaud et dorment mieux.

L’équipe de Tahaddi

Beyrouth, le 4 octobre 2024

Chers amis,

Les bombardements ont été si violents cette nuit que les cloches de l’église se sont mises à sonner toute seules!

Ce matin, la comptable de Tahaddi, elle-même déplacée dans une banlieue à l’est de Beyrouth, où elle vit chez sa sœur avec 10 autres membres de sa famille, nous a raconté cet épisode. Malgré ses inquiétudes, elle vient fidèlement chaque jour, et avec tout ce que nous devons gérer financièrement, son travail est crucial.

Aujourd’hui, l’équipe de couture a terminé la commande de 600 taies d’oreiller. L’association responsable de leur distribution nous a confié qu’il y a une forte demande pour ces articles, au point où les gens se disputent pour en obtenir. Ils nous ont même demandé si nous pouvions en produire davantage. De plus, une autre commande a été passée pour des couvertures destinées à des personnes hébergées dans un centre habituellement utilisé pour des camps de vacances pour enfants, qui appartient à un groupe d’églises. Les besoins sont immenses.

Ce matin, ces enfants sont arrivés au centre Tahaddi avec leurs mamans et pendant que ces dernières travaillaient à l’atelier de couture, ils ont demandé à jouer, colorier, couper et coller retrouvant, l’espace de quelques heures, un peu de cette enfance bouleversée par la guerre. Tous sont déplacés.

Pour trois d’entre eux, nous les avons raccompagnés dans une tente installée sur un trottoir habituellement fréquenté par des familles qui se promènent au bord de la mer à Beyrouth. Depuis une semaine, un tout autre spectacle, bien plus triste, s’offre à nos yeux.

La journée s’est conclue par la distribution directe des derniers des plus de 800 repas préparés aujourd’hui par Bedayati. Ces repas ont été remis directement à des familles sans abri, qui dorment sur les trottoirs, exposées aux nuits qui commencent à fraîchir en ce mois d’octobre à Beyrouth. Six membres de l’équipe de Tahaddi sont devenus de fidèles volontaires parmi la vingtaine nécessaire chaque jour à la préparation de ces repas.

Merci à tous ceux qui contribuent par leur solidarité et leur générosité aux actions de Tahaddi sur place!

Catherine

Beyrouth, le 3 octobre 2024

Le ministre libanais sortant de la Santé a annoncé que, depuis octobre 2023, 1 974 personnes, dont 127 enfants et 97 membres du personnel médical et secouristes, ont été tuées dans les attaques israéliennes au Liban. De plus, 9 384 personnes ont été blessées.

Au cours des trois derniers jours, l’armée d’occupation israélienne a ordonné aux habitants de 68 villages du sud de quitter leurs foyers. Juste maintenant, à onze heures du soir, les habitants d’une banlieue de Beyrouth ont ordre d’évacuer leur quartier !

Le 23 septembre, Darine, une de nos enseignantes, partie avec sa famille dans son village de la Bekaa pour le weekend, a été surprise par des bombardements violents. Dans un message vocal, elle nous avait raconté qu’elle s’était réfugiée avec sa famille dans la forêt près du village, sous des arbres. Elle avait froid (les nuits sont déjà fraîches dans la plaine de la Bekaa), elle avait peur, et elle nous avait demandé de prier pour elle et ses proches. Si sa maison est restée intacte, celle de sa cousine a été complètement détruite. Plus de 20 personnes sont désormais réfugiées chez elle, et elle a besoin de soutien. Grâce à vos dons, nous avons pu lui offrir une aide financière qui lui permettra de tenir le coup.

Aujourd’hui, plusieurs d’entre nous étaient au centre, y compris l’équipe de couture, malgré une nuit sans sommeil due aux bombardements intensifs sur Beyrouth et sa banlieue. Le quartier est presque désert et étrangement silencieux. Avec Rana, nous avons décidé d’y faire un tour. Nous avons retrouvé plusieurs familles que nous connaissons et qui ont choisi de rester chez elles, faute de moyens de transport pour se déplacer facilement ou par choix.

Alors que nous nous dirigions vers le centre après plusieurs visites, un sifflement perçant se fit entendre au- dessus de nos têtes, suivi d’une détonation sourde près du quartier, accompagnée d’un nuage de fumée grise. Deux autres explosions suivirent et nous avons hâté le pas vers le centre éducatif

 

Beyrouth, le 1er octobre 2024

« Peu de compagnies aériennes étrangères assurent encore des liaisons avec le Liban. »

« L’armée israélienne ordonne aux habitants d’une trentaine de villages du Sud Liban d’évacuer immédiatement. »

« 50 missiles ont été lancés depuis le Liban, forçant des milliers de personnes à se réfugier dans des abris. »

Les notifications s’enchaînent sur nos téléphones alors que nous essayons de travailler. Quelques familles désorientées se sont rendues au centre pour demander de l’aide. Rana, la directrice du centre psycho-social, est sur place pour intervenir en urgence et fournir des informations essentielles, parfois même offrir un sandwich pour ceux qui ont faim.

Un message d’une organisation partenaire, responsable de plusieurs écoles, arrive : « Nous avons besoin de ces médicaments en urgence, ainsi que d’un nébuliseur, sinon l’enfant devra être hospitalisé. » Grâce aux fonds non désignés, nous avons pu répondre à cette demande. Abou Rabia, le chauffeur de Tahaddi, est d’une aide précieuse. Il navigue d’un endroit à l’autre, achetant des produits et en livrant d’autres. Sur la photo, on le voit remettre le nébuliseur à l’association, qui le transmettra à la mère de l’enfant malade. Abou Rabia a aussi ouvert une partie de sa maison pour accueillir une quinzaine de personnes qu’il ne connaît pas, tout en hébergeant son propre fils et sa famille. « Je me souviens que pendant la guerre civile, nous avons aussi été déplacés, et c’était très dur », confie-t-il.

Le centre était plus animé que d’habitude, ce matin, avec une douzaine de personnes au travail, dont trois couturières et deux jeunes ayant terminé leur formation de couture à Tahaddi. Tous sont déplacés : les deux jeunes vivent avec leurs familles dans un abri temporaire, tandis qu’une des mamans a trouvé refuge chez des proches. Les deux autres dorment dans la rue avec leur famille et passent chez elles, pendant la journée, pour se laver et se changer.

Malgré tout, avec courage, et grâce à la responsable de l’atelier qui coordonnait les opérations à distance, depuis son lieu de déplacement, ces cinq personnes ont coupé, cousu et repassé des dizaines de taies d’oreiller. Nous avons quitté le centre à 15h30. Une heure plus tard, deux missiles sont tombés très près du centre, dans le quartier voisin.

Tout au long du trajet ramenant les deux jeunes à leur abri de fortune – l’une dans une école, l’autre dans un magasin abandonné ouvert pour héberger des familles déplacées – nous avons croisé des familles assises sur le trottoir, effrayées par les attaques incessantes, surtout en fin de journée et pendant la nuit.

Ce soir, les nouvelles annoncent : « 200 missiles lancés par l’Iran sur Israël. »

 

Beyrouth, le 30 septembre 2024

Chères amies, chers amis,

Il y a près de deux semaines, notre vie a basculé dans l’horreur : après les explosions de bippers et les bombardements massifs à travers tout le Liban, aujourd’hui, c’est le bruit entêtant des drones survolant Beyrouth à basse altitude qui a rendu tout le monde très nerveux. Ce soir, les nouvelles inquiétantes de l’armée israélienne qui déploie ses forces aux frontières du Liban, nous laissent dans l’incertitude totale quant au lendemain. Actuellement, près de 80% de notre équipe a dû quitter son logement précipitamment ou hébergent des proches déplacés. Ces deux situations sont éprouvantes. De nombreuses familles avec lesquelles nous travaillons ont fui les bombardements, trouvant refuge chez des proches, dans des écoles, ou, pour certains, errant de lieu en lieu faute d’un endroit où s’installer. D’autres sont retournés en Syrie, mais les appels désespérés que nous recevons témoignent des conditions de vie extrêmement difficiles là- bas, surtout pour ceux qui n’ont pas de logement et vivent chez des proches.

Depuis 2019, le Liban a traversé des épreuves successives éprouvantes : les manifestations anti- gouvernementales, la crise du Covid, l’explosion du port de Beyrouth, la crise économique – toujours en cours – et la guerre à Gaza, qui a impliqué le Liban dès le 8 octobre 2023 et provoqué la destruction de villages du sud, des victimes, des blessés et le déplacement de plus de 100 000 personnes. Après les récents événements, on estime que plus d’un demi-million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile.

Les locaux de Tahaddi, situés à la lisière de la banlieue sud, se trouvent désormais dans un quartier à moitié déserté et nous fonctionnons avec un effectif minimal sur place, pour des raisons de sécurité (3 à 5 personnes, contre une centaine habituellement).

Travail social et atelier couture :

Nous nous efforçons de localiser les familles pour identifier leurs besoins, en particulier les familles monoparentales et celles restées dans le quartier. En collaboration avec des organisations partenaires, comme la cuisine de l’ONG Bedayati, nous projetons d’offrir des repas chauds qui seront distribués dans les écoles ou aux familles vivant encore dans le quartier de Tahaddi. Nous avons également commandé aujourd’hui 600 oreillers destinés à des écoles hébergeant des déplacés, et si nous parvenons à retrouver assez de personnel pour notre atelier couture, nous espérons confectionner des taies pour ces oreillers. La directrice de l’atelier, ayant dû fuir son appartement avec sa famille, dirigera l’atelier à distance via WhatsApp. Elle est accueillie chez de la famille à 60 km de Beyrouth.

Travail psychosocial :

Le stress est omniprésent, tant pour les adultes que pour les enfants, et les cas d’abus risquent d’augmenter. Nos psychologues et assistantes sociales travaillent à organiser une aide psychologique pour les personnes en détresse.

Éducation :

Les enfants, qui devaient rentrer à l’école cette semaine, voient encore une fois leur scolarité bouleversée. Déplacés ou non, ils sont confrontés à une réalité qui les dépasse. Les adolescents sont particulièrement touchés, leur avenir apparaissant soudain très incertain alors qu’ils se retrouvent responsables de leur famille, surtout lorsque les parents sont âgés ou peu éduqués, et donc démunis face à la situation. Nous souhaitons impliquer ces jeunes dans des activités de volontariat, mais il nous faut d’abord les localiser. Par ailleurs, nous réfléchissons à un plan d’urgence au cas où les écoles resteraient fermées, en envisageant l’enseignement en ligne, même si nous ne pouvons pas encore finaliser ce projet.

Travail médical :

Le centre médical reste fermé pour des raisons de sécurité, mais notre équipe cherche à se mobiliser dans les écoles accueillant des déplacés.

Notre équipe :

Nos collaborateurs sont eux-mêmes très affectés, certains ayant des besoins émotionnels voire financiers alors qu’ils traversent cette crise. Nombre d’entre eux ressentent aussi le besoin de se rendre utiles, c’est pourquoi, ceux qui le peuvent s’engagent dans des actions bénévoles, notamment la préparation et la distribution de repas.

Il y a beaucoup à gérer, et nous avons besoin de sagesse pour répondre aux besoins de notre équipe tout en continuant à soutenir la communauté où nous opérons.

Au nom de toute l’équipe de Tahaddi, merci pour votre soutien solidaire et votre amitié.

Catherine[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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