Afin d’accueillir les élèves dans des conditions d’enseignement dignes, deux nouveaux bâtiments voient le jour.
Le projet en bref
A Bitkine, dans la région du Guéra, le Service de Missions et d’Entraide (SME) et ses partenaires locaux soutiennent la construction de deux nouveaux bâtiments scolaires. L’établissement qui accueille plus de 300 élèves dans des conditions très rudimentaires, voyait l’état de ses classes se dégrader, jusqu’à devenir vétuste.
Qu’est-ce qui motive ce projet ?
Pays sahélien et enclavé d’Afrique centrale, le Tchad fait face à des défis sécuritaires conséquents, notamment en raison de sa situation politique instable. Il subit de plein fouet les conséquences du changement climatique, telles que l’accélération de la désertification et l’assèchement du lac Tchad. Régulièrement, des inondations dramatiques dévastent plusieurs provinces du pays, entraînant l’augmentation du taux d’extrême pauvreté.
Par ailleurs, le pays traverse une profonde crise migratoire avec l’arrivée en continu de nouveaux réfugiés provenant du Soudan et du Nigéria. Cette crise pèse lourdement sur les ressources locales. L’inflation a entraîné une hausse notable des prix des denrées alimentaires et des transports.
Au Tchad, pauvreté et vulnérabilité sont omniprésentes : 50% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté national. En juin 2024, près de 2,4 millions de Tchadiens se trouvaient en risque d’insécurité alimentaire sévère.
Parmi les enfants scolarisés, peu bénéficieront d’un cursus complet : ils ne passent en moyenne que 5 ans sur les bancs d’école. A Bitkine, comme dans de nombreuses régions du pays, les classes des écoles publiques sont surchargées, elles comptent parfois jusqu’à 70 élèves. Beaucoup se découragent et abandonnent. Le chemin pour rejoindre l’école est souvent long, les enfants doivent quelquefois parcourir plusieurs kilomètres à pied depuis leur maison.
Afin de pallier cette situation critique, une association s’est mobilisée pour ce projet de construction. Un premier bâtiment scolaire a vu le jour dans ce quartier de Bitkine. Le deuxième est en construction.
Les conditions actuelles d’accueil des élèves, très rudimentaires, ne sont pas propices à l’apprentissage. Par exemple :
- Un point d’eau courante manque ; des jarres sont régulièrement remplies par des transporteurs
- Le site ne dispose pas de latrines ni de système de lavage des mains
- Les classes manquent de tables – pupitres ; des troncs font actuellement office de sièges.
L’école fait partie du réseau d’écoles des Assemblées Evangéliques du Tchad (AET). Gérée par un Comité de gestion local (COGES), elle suit le programme de l’Education Nationale Tchadienne. L’équipe du personnel, la direction et le corps enseignant, montrent beaucoup de motivation. Des journées annuelles de formation continue sont organisées.
Les relations avec l’Etat sont bonnes, l’intégralité du corps enseignant peut suivre les formations du Ministère de l’Education Nationale. L’Etat soutient l’école en mettant à disposition un instituteur. L’établissement actuel ne dispose pas de bibliothèque, les ouvrages et manuels pour les enseignants sont rares.
Quels sont les bénéfices pour la population locale ?
Ce projet de construction ne se limite pas seulement à améliorer les conditions d’apprentissage des élèves de l’école. Il a pour ambition, à plus long terme, d’impacter positivement la santé, l’économie et le bien-être général de l’ensemble de la population de la région, comme par effets de ricochet.
- Accès à l’éducation : permettre aux enfants d’acquérir les connaissances de base
- Renforcement des compétences locales : au moyen de la formation des jeunes, contribuer à développer les compétences de la main-d’œuvre locale, augmentant ainsi les opportunités d’emploi et favorisant l’essor économique
- Égalité des genres : participer à la promotion de l’égalité des sexes en encourageant l’inscription des filles à l’éducation, point essentiel pour l’autonomisation des femmes de la région
- Sensibilisation communautaire : être un lieu d’information, de sensibilisation sur des sujets cruciaux tels que l’hygiène, la santé, l’éducation des enfants, le développement durable, les droits de l’homme
- Cohésion sociale : en rassemblant enfants et familles autour de l’éducation, participer au renforcement du lien communautaire, du sentiment d’appartenance et de solidarité
- Réduction de la pauvreté : par l’éducation, aider les familles à sortir de la pauvreté, en leur offrant de meilleures perspectives d’avenir.
Qu’est-ce qui a déjà été accompli ?
Après quelques retards, le projet a connu en 2024-2025 une progression encourageante de ses travaux de construction. A fin juillet 2025, un forage est fonctionnel et un premier bâtiment est achevé.
Quels sont les objectifs 2025-2026 ?
Deux bâtiments seront construits comportant cinq salles de classes, des bureaux administratifs, un magasin de stockage et un forage. Des latrines équipées d’un point d’eau courante seront installées. Le terrain, sécurisé par un mur de clôture, sera aménagé grâce à un canal de drainage des eaux de pluies.
La construction, adaptée aux conditions climatiques de la région, favorise l’emploi de matériaux fabriqués localement, tels que murs en briques de terre cuites, plafonds en nattes de pailles. Pour permettre de l’ombrage sur les murs et limiter la transmission thermique par les surfaces exposées directement au rayonnement solaire, des débordements de toiture conséquents sont planifiés.
A quand l’autonomie ?
Afin de favoriser l’appropriation et l’engagement durable de la communauté, plusieurs éléments stratégiques seront implémentés :
- Implication de la communauté dès le départ : les membres sont associés à toutes les phases du projet, de la conception à la mise en œuvre, en veillant à ce que leurs besoins et opinions soient pris en compte
- Formation d’enseignants locaux : le recrutement se fera parmi les enseignants issus de la communauté, ce qui contribue à la création d’emplois
- Établissement de partenariats avec des organisations locales : Le COGES visera le développement de collaborations avec des ONG, des entreprises et des exploitants pour garantir le financement à long terme
- Renforcement des compétences du COGES composé de membres de la communauté pour superviser le fonctionnement de l’établissement, prendre des décisions importantes, gérer les ressources
- Introduction de pratiques durables : les élèves seront sensibilisés à l’agriculture biologique, la gestion et le recyclage des déchets
- Évaluation et ajustement régulier du projet : des outils seront mis en place pour suivre les performances de l’établissement, mesurer l’impact de l’école, de son enseignement et ajuster les programmes et les méthodes en fonction des retours d’expérience de la communauté
- Sensibilisation à l’importance de l’éducation des parents et de la communauté au moyen de campagnes d’information. Pour encourager le développement autant personnel que collectif, et l’inscription de tous les enfants, les garçons comme les filles.
Qui sont nos partenaires locaux ?
Mission Evangélique au Tchad, MET
Assemblées Evangéliques au Tchad, AET